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Actualité L'événement
TEMOIGNAGE
Otages de
la culture de mort
Présidente de l'AFSI (Association française de solidarité internationale), Marie-Sylvie Buisson est présente au Liban depuis vingt ans. Voici son témoignage sur le sort des populations du Sud.
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près une première vague de réfugiés surtout chiites, nous faisons maintenant face à une deuxième vague, des chrétiens venus des villages du Sud et pris entre le Hezbollah et Tsahal.
La semaine dernière, les habitants des villages du Sud se sont regroupés à Rmeich - on parle ici d'environ 25 000 personnes. Jusqu'au 26 juillet, pris dans la nasse, il leur était impossible d'évacuer. En effet, ont été signalés des cas où l'armée israélienne a tiré sur des véhicules civils qui tentaient de sortir par les routes, même recouverts de draps blancs en signe de neutralité. La presse libanaise a relaté le cas d'une voiture qui a été poursuivie le 28 juillet par les tirs d'un hélicoptère de combat. La famille chrétienne et ses enfants qui s'y trouvaient sont morts brûlés vifs.
Le 28 juillet, profitant d'une trêve de soixante-douze heures obtenue par l'Onu, un premier convoi mené par la courageuse Croix-Rouge s'est aventuré pour ramener 600 chrétiens du Sud jusqu'à Beyrouth. Ils sont arrivés, après quatorze heures d'un terrible voyage et le contournement à pied d'une trentaine de ponts détruits, totalement épuisés à Beyrouth. Nous en accueillons dans notre paroisse maronite Saint-Joseph, du quartier de Bourj-Hammoud. Ce sont les familles des paroissiens qui les reçoivent, hébergeant parfois jusqu'à quatre familles de réfugiés par appartement. Je me suis jointe aux équipes d'accueil, avec tout le personnel de Radio MBS (voir FCn° 1483).
Une jeune femme a accouché d'une petite fille à son arrivée, dans un coin de la salle paroissiale. Nous lui avons fourni des chiffons, de l'eau et des vêtements d'enfant. L'urgence est maintenant d'acheter de quoi manger, des produits d'hygiène de base, des couches et du lait pour les bébés.
Avant de recevoir les chrétiens du Sud, nous avions accueilli des réfugiés chiites. Les conversations avec eux m'ont
appris plusieurs
choses. Chaque femme touche par mois de la part de l'Iran - via le Hezbollah - 250 dollars pour porter le voile, même les petites filles, 500 dollars pour l'habaya toute
noire qui la couvre entièrement, et
chaque homme 500 dollars pour porter
la barbe islamique. Un homme
"barbu", qui a quatre femmes et
huit filles touche donc 3 500 dollars par mois pour se déguiser en Iranien. Ce n'est en rien
l'habitude des chiites libanais. Il s'agit d'une stratégie pour " iraniser " le paysage et habituer les
gens à s'habiller à la mode islamiste.
De son côté, un militant du Hezbollah
touche 4000 dollars par mois... dans un
pays où le Smic est d'environ 300
dollars.
Par
ailleurs, l'armement du Hezbollah s'accumulait depuis des années. Tsahal découvre bunkers et souterrains creusés et construits par du matériel nord-coréen,
et financés par l'Iran, ce qui explique
en partie ses déboires sur le terrain. Sa progression a été prise à revers par des combattants du Hezbollah sortant de souterrains.
On
signale enfin l'arrivée de djiha-distes de
tout poil : Afghans, Palestiniens, Syriens, Irakiens, très aguerris au
Liban, et même quelques gamins venant des banlieues françaises ravis d'avoir
l'occasion de " casser de l'Israélien " en vrai ! Ils vont évidemment tous se faire tuer... convaincus d'aller tout droit au paradis. Cette culture de mort est diffusée par des responsables qui jouent, dans
le sens littéral du terme, avec
la vie de leurs gens. Dans les quartiers
chrétiens, on commence à sortir les
armes et à organiser des tours de garde
pour sauver les vies et les biens. On
retrouve de nombreuses croix cassées sur les bords des routes dans les régions chrétiennes. C'est un acte hostile bien connu des communautés chrétiennes d'Orient, et de très mauvais augure.
Nous comptons sur vos dons et sur votre prière. » • marie-sylvie buisson
• Vous pouvez adresser vos dons à l'AFSI, 9, rue de Dantzig, 75015 Paris.
N" 1490 DU 5 AU 11 AOÛT 2006 FAMILLE CHRÉTIENNE