LES MARONITES
Georges Karam
« Par
l'intercession de Ta Mère, écarte Seigneur, de la terre et de
ses habitants, les coups de ta colère. Fais cesser les troubles
et les séditions. Éloigne de nous la guerre, le pillage, la
famine et les épidémies. Compatis à notre misère, console-nous,
nous qui sommes malades, secours notre faiblesse, délivre nous
de l'oppression et de l'exil. Donne à nos défunts le repos et
accorde-nous de sortir en paix de ce monde et nous te rendons
gloire à jamais. » Prière maronite du VIIe
siècle.
Cette prière est
un acte de foi en Jésus Fils de Marie, une conjuration des
malheurs qu'ils connaissent bien et une expression de leur
indéfectible fidélité au Seigneur. Les Maronites la réciteront
souvent au cours de leur histoire...
Les
origines des Maronites
L'empereur
Constantin convoque un concile œcuménique à Nicée en 325 et
reconnaît au Christianisme un rôle important dans le bon
fonctionnement de l'Empire romain. Cette décision historique,
éminemment habile pour l'unité de l'empire et pour le contrôle
du politique et du religieux par l'État, avait été précédée et
préparée par l'Edit de Milan de 313 qui accordait la liberté de
religion et qui mettait fin théoriquement aux exactions et aux
persécutions dont étaient victimes les chrétiens. En même temps,
Constantin fondait sur la rive occidentale du détroit qui sépare
la Mer Egee de la mer Noire, une ville qui portera son nom:
Constantinople. Cette dernière jouera un rôle très important
dans le destin des chrétiens d'Orient. Ce n'est qu'en 392 (Edit
de Thessalonique) sous le règne de Théodose 1er que la religion
chrétienne devint la religion officielle de l'empire et que le
paganisme est officiellement proscrit.
A la mort de
Théodose, l'Empire romain est scindé en deux: l'Empire
d'occident avec Rome pour capitale et l'Empire d'orient avec
Constantinople pour capitale. Le premier gardera le latin comme
langue officielle et le second qui deviendra l'empire byzantin
optera pour le grec.
La décision de
Théodose de faire du christianisme la religion officielle de
l'empire, n'eut pas un effet instantané sur l'ensemble de la
population et des régions. Plusieurs poches de résistance
subsistèrent surtout dans les endroits retires, à l'ecart des
grands centres urbains et des voies de communication. C'était le
cas de la montagne libanaise qui était demeurée très attachée à
l'ancien culte et qui avait une densité impressionnante de
temples consacrés aux divinités de la mythologie phénicienne.
Par contre, les
villes du littoral avaient depuis longtemps leurs Églises. En
effet les premiers disciples « gentils » du Christ remontent à
l'époque ou Jésus qui prêchait en Galilée juste au Sud du
littoral phénicien, se rendait avec Sa Mère dans les villages et
villes limitrophes comme Cana, Tyr et Sidon.
Après la mort du
Christ, les Apôtres, répondant à sa volonté de faire « des
disciples de toutes les nations », entamèrent leur apostolat en
se dirigeant vers le Nord le long de la Meditérannée orientale
et établirent des Églises à Tyr, Sidon, Béryte, Byblos, Tripoli
et Antioche.
Antioche devint
très vite un centre spirituel très important grâce à l'apostolat
de Paul et de Barnabé. Et Pierre avant son départ pour Rome,
l'avait visite et en aurait été le premier évêque. Avec
Constantinople, Alexandrie, Jérusalem et Rome, Antioche aura le
privilège d'être l'un des cinq sièges patriarcaux. Elle jouera
un rôle primordial dans la christianisation de la Syria Prima,
avec les villes d'Alep, Barad, Cyr et Hiérapolis et de la Syria
Secunda avec les villes d'Apamée et de Shayzar. C'est d'ailleurs
d'Antioche que l'on commence à dire "Chrétiens" pour designer
les disciples de Jésus.
Malheureusement
la ville n'échappera pas aux querelles théologiques qui ont
agite l'Église à cette époque et qui concernaient la nature du
Christ. D'un cote les tenants de la double nature du Christ,
humaine et divine, de l'autre, les monophysites ne reconnaissant
dans le Christ qu'une seule nature divine.
Ces querelles ne
se limitaient pas à une argumentation pacifique, elles
dégénéraient le plus souvent en violences extrêmes. C'est durant
cette période tourmentée et déchirée par des luttes fratricides
que vécut un moine du nom de Maron (Maroun).
Les seuls
témoignages écrits que nous avons sur la vie et l'apostolat de
Maron, nous les devons à Théodoret, évêque de Cyr. Dans son
Historia Religiosa écrite environ trente ans après la mort de
Maron survenue en 410 (année du sac de Rome par Alaric, roi des
Wisigoths), il rapporte plusieurs détails sur la vie et
l'apostolat du saint.
Sa vie était si
exemplaire et sa renommée si grande que Saint-Jean de
Chrysostome lui adressa de son exil vers l'an 404 une lettre
pour lui témoigner son respect et lui demander d'intercéder pour
lui dans sa prière.
Probablement
pour échapper au tumulte des querelles théologiques, Maron se
retira au sommet d'une montagne nommée Nabo pour se consacrer à
la prière et à la contemplation.
Cette vie
ascétique en plein air fera des émules et donnera naissance au
monachisme anachorète. En effet la vie exemplaire de Maron,
consacrée dans un dénuement extrême, à la prière et à Dieu, ne
tarda pas à susciter des vocations et à faire des disciples qui
s'isolèrent dans des grottes ou au sommet des montagnes pour se
vouer à l'exemple de leur maître, à l'adoration de Dieu. Ils
devinrent de plus en plus nombreux, surtout après que Maron eut
quittée sa retraite pour retourner parmi le peuple prêcher la
bonne parole, et prirent le nom de Maronites.
Un de ces
disciples, Abraham (Ibrahim) de Cyr (350-422) appelée plus tard
l'apôtre du Liban, se rendit avec quelques compagnons convertir
au christianisme, non sans mal d'ailleurs, la montagne
libanaise. Il aurait alors fondée une communauté d'hermites dans
l'arrière-pays de Byblos près d'Afka ou prend sa source le
fleuve Adon. C'est en mémoire de ce moine que le fleuve Adon a
changé de nom pour Nahr Ibrahim...
La conversion de
la montagne libanaise au christianisme avait commencée et allait
se poursuivre. Cette terre deviendra plus tard, le refuge de ses
apôtres.
Le Concile
de Chalcédoine
Les querelles
religieuses ne cessant pas et constituant un danger pour l'unité
de l'Église, l'empereur Marcien réunit le IVe Concile œcuménique
de Chalcédoine en 451, c'est-à-dire une quarantaine d'années
après la mort de Maron.
Les pères
présents au Concile condamnèrent sans ambiguïté le monophysisme:
« Nous enseignons tous d'une seule voix, un seul et même Fils,
Notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, le
même parfait en humanité, le même Dieu, vraiment homme et
vraiment Dieu, fait d'une âme raisonnable et d'un corps,
consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous
selon l'humanité, semblable à nous en tout hors le péché... »
Le Concile ne
réussit malheureusement pas à mettre _n aux querelles et aux
scissions. Il distinguera jusqu'à nos jours les chalcédoniens
des monophysites: les premiers avec le pape et l'église
occidentale, le patriarche de Constantinople et les grecs
byzantins, les Melkites grecs-catholiques, les grecs-orthodoxes
et les Maronites; les seconds, les monophysites avec l'Église
copte d'Alexandrie, l'Église éthiopienne, l'Église arménienne
grégorienne et l'Église Syriaque orthodoxe.
Soucieux de
défendre la foi chalcédonienne, l'empereur Marcien _t construire
un monastère important non loin de la ville d'Apamée. Connu sous
le nom de Mar Maroun, ce monastère devint le plus important des
monastères et le grand défenseur de l'enseignement du Concile de
Chalcédoine. Par leur zèle à propager leur foi, les moines
maronites s'attirèrent l'hostilité des monophysites. Au début du
VIe siècle le pouvoir byzantin avait change de camp et défendait
désormais pour un temps les monophysites! C'est ainsi que le
patriarche Sévère d'Antioche monophysite, appuyée par l'empereur
Anastase va persécuter les chalcédoniens et en tête de liste les
moines de Mar Maroun. En 517 trois cent cinquante moines
maronites se rendant à une prétendue réunion de réconciliation
avec les monophysites, tombent dans une embuscade et sont
massacrées. Malgré ce massacre et malgré l'incohérence
religieuse de Byzance, l'Église Maronite gardera sa foi
chalcédonienne, restera attachée au magistère de l'Église
universelle et montrera une fidélité sans faille aux successeurs
de Pierre. C'est à partir des ces constantes que s'est forgée
l'âme maronite.
L'invasion
arabe de la Syrie et du Liban
Elle débute par
la prise de Damas en 635. Deux ans après, soit en 637 Baalbek,
Acre et les villes du littoral phénicien jusqu'à Byblos étaient
déjà occupées. Par contre la montagne n'intéressait pas les
arabes, ils n'y voyaient aucun intérêt.
Réfugies dans
des endroits difficiles d'accès, les Maronites ont réussi à
survivre. Ils menèrent même des attaques contre l'envahisseur
avec l'aide des Maradas originaires du Taurus, parlant l'araméen
et de foi chalcédonienne comme eux. Ils étaient recrutes par
l'empereur de Byzance pour harceler les armées arabes et freiner
l'expansion de l'empire omayade. Le courage et la hardiesse de
ces allies leur permirent d'infliger de sérieux revers à leurs
ennemis.
Pris entre des
grands empires et des intérêts qui les dépassaient, les
Maronites allaient encore une fois subir l'inconstance de la
politique byzantine. A leur insu et à l'insu des Maradas, le
basileus autocrator (c'est le nom de l'empereur depuis 630)
conclut avec le Khalife, moyen-nant quelques avantages
matériels, un accord qui met _n aux activités militaires de
l'armée mardaïte-maronite.
Cette décision
aura des conséquences très lourdes sur l'avenir des Chrétiens
d'Orient.
C'est aussi en
ce temps (vers 638) qu'eut lieu la querelle théologique dans le
camp chalcédonien entre ceux qui armaient que le Christ, bien
qu'ayant deux natures n'a qu'une volonté divine
et ceux qui
armaient qu'Il avait deux natures et deux volontés, divine et
humaine.
Au Concile de
Constantinople en 680 on condamna le monothélisme c'est-à-dire
l'armation de la volonté (théléma) unique.
Certaines
sources rapportent que les Maronites auraient été à un certain
moment monothélites.
Ce que l'on peut
dire ici à ce sujet est que le Concile n'a pas designer les
Maronites et que l'accusation manque de preuves irréfutables.
Jean-Maron,
premier patriarche d'Antioche, maronite (685)
Lassés de
l'incohérence de la politique byzantine et constatant que le
siège patriarcal était vacant, les chalcédoniens de l'Église
d'Antioche élirent en 685 patriarche, Jean Maron (Youhanna
Maroun) moine maronite et évêque de Batroun et du Mont-Liban,
sans en référer à Constantinople.
Cette décision
d'une grande portée historique pour le Liban constitue la
consécration officielle de l'Église Maronite.
Le basileus
considéra cette élection comme un acte d'insubordination portant
atteinte à son autorité impériale. Il envoya une armée pour
capturer le patriarche qui avait établi sa résidence au couvent
Mar Maroun sur l'Orante. Youhanna Maroun réussit à échapper à
l'armée de Basileus et à se réfugier dans la région de Byblos.
Mais le couvent fut détruit et cinq cents moines trouvèrent la
mort.
Retirés dans la
montagne libanaise avec leur patriarche, les Maronites ont pu
résister à l'armée byzantine et lui infliger une cuisante
défaite en 694. Les deux commandants de l'armée impériale ont
trouvé la mort dans cette bataille. Tout comme l'élection au
siége patriarcal de Youhanna Maroun, a consacré officiellement
l'Église maronite, cette victoire a marqué la naissance de la
nation maronite.
L'historien anglais du XVIIIe siècle, Edward Gibbon
écrira: " Maronite was transfered from a hermit to a monastery
and from a monastery to a nation. This humble nation survived
the empire of Constantinople, which persecuted it ".
Après cet
épisode, les patriarches maronites partagèrent leur temps entre
le couvent de Kfarhaï au Liban et le couvent de Mar Maroun sur
l'Orante reconstruit. Ce n'est qu'en l'an 938 après le saccage
de ce dernier par des arabes que le siége patriarcal sera
définitivement établi au Liban pour échapper aux désordres qui
affligèrent les pays d'Orient et qui opposèrent Byzantins,
Seldjukides et fatimides jusqu'à l'arrivée des Croisés en 1098.
Persécutés par
l'occupant aussi bien que par leurs coreligionnaires byzantins,
les Maronites malgré leur petit nombre et malgré leur pauvreté
ont fait montre d'une pugnacité remarquable quand il s'est agi
de défendre leur identité et leur foi.
Les Croisés
Au Concile de
Clermont en 1095, le pape Urbain II conçut l'idée de reprendre
le Saint-Sépulcre et de délivrer Jérusalem de l'occupation
musulmane. Durant deux siècles environ (1098-1292) l'Occident va
organiser plusieurs expéditions militaires pour reconquérir les
Lieux-Saint et pour défendre les royaumes, les principautés et
les comtés que les Croisés ont établis tout au long de la côte
méditerranéenne, dont le Royaume de Jérusalem, le Comté de
Tripoli, la Principauté d'Antioche et le Royaume de Chypre qui
concernent tous directement les Maronites.
Mis à part
quelques incidents les relations entre les Maronites et les
Latins vont être excellentes. Dés leur arrivée en Orient, les
Croisés reçurent une aide spontanée et immédiate des Maronites
qui bénéficière à leur tour d'une protection et de privilèges
particuliers. Louis IX roi de France (St-Louis) va même jusqu'à
déclarer que la nation maronite est une partie de la nation
française, la recommande à ses successeurs et l'exhorte à rester
fidèle au successeur de St-Pierre.
Grâce à la bonne
intelligence entre les deux parties les Maronites vont pouvoir
rétablir les ponts avec l'Occident et sortir de l'isolement dans
lequel ils étaient confinés depuis plusieurs siècles. Le
Saint-Siège qui avait cru à leur disparition était heureusement
surpris d'apprendre qu'ils existaient toujours. Les liens
officiels furent rétablis rapidement et consolidés, les
Maronites ayant sans hésitation armée, à l'arrivée des Croisés
leur fidélité au pape.
C'est aussi
durant la présence des Croisés en Orient que le patriarche
Jérémie de Amchit rendit visite en 1215 au pape Innocent III et
pris part au Concile de Latran.
Le XIIIe siècle
sera faste pour les Maronites. Jouissant de la protection des
Croisés ils ont pu proclamer leur foi sans crainte de
représailles et ont vu leur condition matérielle s'améliorer.
Ils en ont profité pour construire de nombreux couvents et
églises.
Le départ des
Croisés
En 1291 les
Mamelouks arrachent Tripoli aux Croisés et mettent ainsi _n à
leur présence sur la rive orientale de la Méditerranée.
Plusieurs Maronites quitteront avec les Croisés pour Chypre ou
ils établiront une communauté qui existe à nos jours. Ce fut la
première vague d'émigrés maronites à quitter le Liban.
On estime à
cinquante mille le nombre de Maronites morts pour la défense de
la Croix.
Malgré un bilan
militaire négatif, les Croisades auront eu le mérite de rétablir
des contacts entre l'Occident et l'Orient, d'amorcer un
mouvement d'échanges commerciaux qui ne va cesser de s'amplifier
au cours de la Renaissance italienne au quattrocento et au
cinquecento.
Cette réalité
nouvelle ne pourra que servir les Maronites dont les liens avec
l'Occident et avec Rome ne seront plus jamais rompus.
La tyrannie des esclaves devenus rois, les Mamelouks
Après le départ
des Croisés les Maronites vont subir les violences des
Mamelouks, esclaves devenus soldats et organisés en une
puissante oligarchie militaire. A partir de l'Égypte dont ils
deviennent maîtres en 1250, ils vont conquérir le Liban et la
Syrie et garder le pouvoir jusqu'en 1517 l'année ou ils seront
battus et remplacés par les Ottomans.
Contrairement
aux Arabes qui ne voyaient pas d'intérêt militaire dans la
montagne libanaise, les Mamelouks dans leur lutte contre les
Croisés ont réalisé l'importance stratégique de la montagne et
ont compris qu'il fallait d'abord réduire leurs alliés Maronites
retranchés dans des lieux difficiles d'accès d'ou ils
entreprenaient des attaques-surprise.
Les Mamelouks
menèrent contre eux, avant et après le départ des Croisés, de
nombreux raids meurtriers. Plusieurs patriarches ont été
humiliés, tués, l'un d'eux, Gabriel de Hjula, à même été brûlé
vif à Tripoli en 1367. On dit qu'il n'y a pas plus cruel qu'un
esclave devenu roi. Les Mamelouks ont été très violents et ont
massacré un grand nombre de Maronites.
En dépit de tous
les malheurs et de toutes les souffrances endurées, les rescapés
ont pu se regrouper et reconstruire leur vie communautaire
autour de leurs patriarches. Ils ont même réussi à s'assurer une
autonomie relative et à connaître une expansion démographique
grâce à un taux de natalité très élevé.
Les Maronites
n'ont pas été les seules victimes de la cruauté des Mamelouks.
D'autres communautés appartenant à l'Islam et persécutées elles
aussi par leur coreligionnaires avaient trouvé refuge à leur
tour dans les montagnes libanaises. C'était le cas des Nosaïris,
des Chiites et Druses qui s'étaient installés dans le Kesrouan.
Profitant des guerres entres les Mamelouks, les Croisés et les
Mongols, ils se révoltèrent contre leurs oppresseurs. Les
Mamelouks qui venaient de se débarrasser des Francs et des
Mongols, se retournèrent contre les insurgés du Kesrouan et
matèrent rapidement leur révolte. La répression et la vengeance
furent terribles.
Ceux qui ont
échappé au massacre ont été déportés, les Nosaïris au Akkar, les
Druses au Chouf et les Chiites au Sud. Le vide ainsi créé au
Kesrouan va permettre aux Maronites de s'y installer sans
incommoder les Mamelouks.
C'est ainsi que
l'expansion démographique maronite va progressivement atteindre
toute la montagne et créer une réalité nouvelle, la cohabitation
et l'organisation des relations intercommunautaires qui sera à
la fois une richesse pour le Liban en tant qu'expérience unique
de convivialité et de dialogue interculturel, et un talon
d'Achille en permettant aux occupants ou à ceux qui veulent les
remplacer de diviser pour mieux régner.
La Sublime Porte
La domination
ottomane sur le Liban commence en 1516 avec le Sultan Sélim 1er
dit le Cruel qui en deux ans conquiert la Syrie, le Liban et la
Palestine. Il n'apporte aucun changement à la structure féodale
et à l'organisation sociale du Mont-Liban.
Son successeur
Soleiman le Magnifique confirma le droit des Maronites à gérer
leurs propres affaires et leur patriarche était le seul à ne pas
être assujetti à l'obligation de voir son investiture confirmée
par le Sultan.
Il faut dire ici
que cette attitude généreuse envers les maronites n'était
peut-être pas tout à fait gratuite. François 1er, roi
de France, en lutte avec les Habsbourg d'Autriche qui régnaient
sur le Saint-Empire Romain Germanique, s'était rapproché de leur
ennemi Soleiman le Magnifique et avait obtenu en 1535 une
convention appelé \Capitulation" sur le statut des étrangers et
des Chrétiens vivant au Levant. Ce rapprochement convenait
parfaitement au " Grand Seigneur " qui convoitait les
territoires des Habsbourg. De son côté François 1er
trouvait doublement son compte en Europe contre les Habsbourg
et en Orient ou lui et ses successeurs ont désormais une porte
d'entrée et un prétexte pour intervenir. Les Maronites ne
pouvaient que s'en réjouir et en profiter.
Malheureusement
la domination ottomane n'a pas toujours été heureuse pour les
Maronites. Il y eut des périodes très sombres. En 1860 par
exemple les Turcs désarmèrent les chrétiens et encouragèrent les
Druses à les massacrer. Au moins dix mille Maronites trouvèrent
la mort. Durant la première guerre mondiale, la Turquie alliée
de l'Allemagne, un blocus alimentaire et empêcha que des vivres
parviennent aux habitants de la montagne.
Des centaines de
milliers de personnes sont mortes de faim. A cela il faut
ajouter le comportement arrogant et arbitraire de l'occupant,
les mesures vexatoires, une administration corrompue, la saisie
injuste des biens...
L'École
Maronite de Rome
Une initiative
qui allait être très bénéfique aux Maronites, fut la décision du
pape Grégoire XIII de faire construire en 1584 l'École Maronite
de Rome. Préoccupé par la formation du clergé maronite qui
manquait cruellement d'institutions d'enseignement et désireux
de consolider les liens entre l'Église Maronite et le
Saint-Siège, le pape choisit cette solution qui s'avéra être des
plus fructueuses.
Elle permit la
formation de nombreux élèves qui joueront un rôle important dans
l'évolution de la société libanaise. Véritables multiplicateurs,
ils seront les principaux artisans de la mise en place d'un
réseau d'écoles dans la montagne.
En 1610, ils
introduisent la première imprimerie d'Orient qu'ils installent
au couvent de Kozhaya.
D'autres élèves
de l'École Maronite de Rome occuperont des postes importants
dans des institutions prestigieuses d'Europe:
Gibraïl-el-Sahyouni, professeur de langues orientales au Collège
Royal de France, Ibrahim-el-Hakim, conservateur de la
Bibliothèque orientale de France, Merhej Ibn Namroun professeur
et traducteur. Youssef Assemaani, archiviste à la Bibliothèque
du Vatican et traducteur, est une figure exceptionnelle: ses
recherches sur le Syriaque, l'Arabe, l'Hébreu, le Turc, le
Persan et l'Amharique (Éthiopien) qu'il a consignées dans son
énorme BIBLIOTHECA ORIENTALIS, demeurent une référence jusqu'à
nos jours.
Ce sont ces
hommes et d'autres avec eux qui ont fait dire aux Européens:
savant comme un maronite.
L'École Maronite
de Rome donna aussi quarante évêques dont douze seront
patriarches. Le plus connu est le patriarche Douaihi qui fut le
premier historien de son Église.
A partir du
XVIIe siècle des communautés religieuses latines viendront
seconder les clercs maronites dans leur mission éducative: les
Capucins en 1626, les Pères Carmes en 1635, les Jésuites en
1656. D'autres communautés suivront plus tard.
L'École Maronite
de Rome permit aux Maronites de sortir de leur isolement
intellectuel et d'être en permanence en contact avec la pensée
occidentale, en attendant d'être les principaux artisans de la
renaissance de la langue et de la littérature arabe.
Elle a aussi
déclenché dans la société maronite une conscience aigue de
l'importance de l'éducation. Le Synode libanais tenu à Louaizé
en 1736 affirme:
" Nous
exhortons, au nom de Jésus-Christ, les ordinaires des diocèses,
des villes, des villages, des hameaux et les couvents à
s'entraider pour encourager cette œuvre qui porte beaucoup de
fruits. Ils doivent trouver un instituteur là où il n'y en a
pas, inscrire les noms des enfants qui sont aptes à apprendre,
ordonner aux parents d'amener leurs enfants à l'école, même
malgré eux. S'ils sont des orphelins ou des pauvres, l'église ou
le couvent leur donnent la nourriture et si l'église ne le peut
pas, ils donnent une partie et les parents en donnent une
autre". Cette décision est remarquable pour l'époque ou elle a
été prise. Elle a fait que tous les parents jusqu'à nos jours,
considèrent l'éducation de leurs enfants comme une priorité
absolue.
On peut affirmer
que l'une des plus grandes fiertés des Maronites dans la
construction du Liban moderne, c'est la création des écoles.
Elles seront ouvertes à toutes les communautés et permettront au
Liban de devenir un foyer d'une intense activité culturelle.
La renaissance
de la langue, de la littérature et de la pensée arabe prit son
essor au Liban.
Une société au pluriel ou l'expérience de la convivialité
L'expansion
démographique des Maronites commencée au Kesrouan suite au
massacre et à la déportation de sa population Chiite, Druse et
Nosaïrie en 1305 par les Mamelouks, va se poursuivre vers le
Metn et le Chouf. Cette migration va les amener à cohabiter avec
d'autres communautés et à vivre l'expérience de la diversité
culturelle et religieuse.
Comme des
tensions existaient entre les Sunnites, les Chiites et les
Druses, les Maronites seront amenés à jouer les médiateurs et à
s'interposer entre eux. Avec le temps et les épreuves communes,
un sentiment de convivialité et d'appartenance à une même terre
s'est développé. Les caprices et la sévérité de l'occupation
ottomane ont fait prendre à cette population plurielle la
conscience d'un destin commun.
Plusieurs
moments de l'histoire du Liban illustrent cette nouvelle
réalité. Le règne de Fakhreddine II (1572-1635) un Druse, et
celui de Béchir II (1789-1840) un sunnite converti au
christianisme témoignent d'une mobilisation de toutes les
communautés contre l'occupant.
Un autre exemple
significatif de cette solidarité intercommunautaire est la
réunion en 1832 à l'église Mar Elias d'Antélias, des
représentants Chiites, Druses, Maronites et Sunnites. Ils furent
le serment de lutter ensemble contre Ibrahim Pacha qui venait
d'envahir le Liban à la tête d'une armée égyptienne. Unis, ils
parvinrent à le repousser. Avec eux combattait un jeune maronite
de 17 ans, Youssef Bey Karam qui deviendra plus tard illustre
dans sa lutte héroïque contre les ottomans.
Plus prés de
nous, après la défaite de la Turquie en 1918, toutes les
communautés libanaises demandèrent au patriarche Hoayek de les
représenter à la Conférence de Versailles et de réclamer
l'indépendance du Liban.
En optant pour
le \Grand Liban", le patriarche manifestait clairement la
volonté des Maronites de vivre en paix et en harmonie avec les
autres communautés.
Il y eut aussi
et malheureusement dans l'expérience de cette convivialité des
accidents très graves comme les massacres de 1860, les troubles
de 1958 ou la guerre de 1975. Cette dernière ravagea le pays,
mena_cat les liens intercommunautaires, divisa les familles et
faillit emporter le Liban. L'Histoire finira un jour par nous
dire si c'était une guerre civile libanaise ou plutôt la "
guerre des autres" au Liban, conséquence directe du grand
conflit régional israélo-arabe.
L'émigration
maronite
Par son ampleur,
par sa répartition géographique sur les cinq continents, par sa
présence dans presque tous les pays du monde, l'émigration
maronite est un phénomène remarquable et étonnant. Comment une
nation si petite démographiquement a atteint un si grand espace
culturel et religieux ? Ni la distance, ni le climat, ni la
langue, ni la religion, ni le régime politique et économique
n'ont constitué des obstacles à son expansion. On estime à 4
millions le nombre actuel d'émigrés maronites soit cinq fois
celui de ceux vivant au Liban.
Les causes de
l'émigration maronite on les connaît. On ne quitte pas son pays
sans raison:
_
L'invasion Mamelouk au XIIIe siècle a provoqué la première
émigration des Maronites vers Chypre.
Plus prés de
nous:
_
Les
massacres de 1860.
_
Le
despotisme ottoman et l'absence de liberté.
_
La grande
famine provoquée par le blocus alimentaire turc durant la
première guerre mondiale 1914-18. Prés de la moitié de la
population est morte de faim.
_
L'attraction des pays offrant des conditions sociales et
économiques meilleures ou des opportunités d'affaires
prometteuses.
_
Le
conflit israélo-arabe amplifié et nourri par la guerre froide.
Il a mis la région à feu et à sang et a créé une zone de
turbulence permanente.
_
La guerre
du Liban commencée avec les organisations armées des réfugiés
palestiniens n'est qu'une des conséquences du conflit
israélo-arabe.
Cette derniére a
provoqué une vague d'émigration des Maronites sans précédent.
C'est une très grande tragédie humaine et sociale dont les
conséquences pour le Liban n'ont pas fini d'être évaluées.
Doué d'une
grande faculté d'adaptation, entreprenant et hardi, l'émigré
maronite, tout en demeurant attaché à son héritage patrimonial,
s'intègre bien à son milieu et devient très vite un membre actif
de la société d'accueil, participant ainsi à son développement
et à son progrès.
Comme ses pères,
il considère l'éducation de ses enfants comme prioritaire. En
préservant cette valeur et en l'inculquant à ses enfants, il ne
fait aucun doute qu'il contribue à réduire les problèmes
sociaux, à maximiser le taux d'intégration et de réussite
sociale et à améliorer la qualité de vie de son milieu.
L'Église
maronite extra muros
L'émigration a
fait de l'Église maronite un témoin mondial de l'Évangile. Cette
nouvelle situation la fragilise et en même temps lui donne
l'occasion de participer avec l'Église Universelle à la tâche
immense d'humaniser le monde afin que tout soit fait pour
l'Homme créé à l'image de Dieu et non par l'homme pour la
puissance et la gloire de ce monde.
Le phénomène non
maîtrisé de la mondialisation, l'imposition par des moyens de
communication puissants d'une pensée et d'une culture uniques,
la soumission de l'homme à un rapport production-consommation
qui développe l'individualisme, embrigadent les êtres humains
dans un tourbillon qui leur fait perdre les repères de leur
identité culturelle et spirituelle.
Réussir à
maintenir chez ses émigrés dans la pérennité de sa _délité au
successeur de Pierre, son héritage spirituel et moral dans un
esprit d'ouverture et de collaboration avec les autres
communautés religieuses et continuer à proclamer la Parole de
Jésus, voilà la mission de l'Église maronite à l'aube de ce
troisième millénaire.
Annexe
Liste
des Patriarches par Ordre Chronologique
Les patriarches
qui ont siégé dans la région de Byblos de 938 à 1440
Jean-Maron le
deuxiéme, Jean de Dmalsa, Grégoire, Etienne, Marc, Eusébe, Jean,
Jésoua, David, Grégoire, Théofélix, Jésoua, Doumit, Isaac, Jean,
Siméon, Youssef El Gergess (1110- 1120), Pierre (1121-1130),
Grégoire de Halate (1130-1141), Jacob de Ramate (1141-1151),
Jean (1151-1154), Pierre (1154-1173), Pierre de Lehfed
(1173-1199), Jérémie de Amchite (1199-1230), Daniel de Chamate
(1230-1239), Jean de Jaje (1239-1245), Siméon (1245-1277),
Daniel de Hadchite (1278-1282), Jérémie de Dmalsa (1282-1297),
Siméon (1297-1339), Jean (1339-1357), Gabriel de Hjoula
(1357-1367), Jean (1367-1404), Jean de Jaje (1404-1445).
Les patriarches
qui ont siégé dans la vallée de Qannoubine de 1440 à 1823
Jean de Jaje
(1440-1445), Yacoub de Hadath (1445-1468), Joseph de Hadath
(1468-1492), Siméon de Hadath (1492-1524), Moussa Akkari de
Baridi (1524-1567), Michel Rizzi de Bkoufa (1567-1581), Sarkis
Rizzi de Bkoufa (1581-1596), Joseph Rizzi de Bkoufa (1596-1608),
Jean Makhlouf d'Ehden (1608-1633), Georges Omaira d'Ehden
(1633-1644), Joseph Halib d'Akoura (1644-1648), Jean Bawab de
Safra (1648-1656), Georges Rizkallah de Bseb'el (1656-1670),
Etienne Douaihi d'Ehden (1670-1704), Gabriel de Blaouza
(1704-1705), Yaccob de Hasroun (1705-1733), Joseph Dergham
Khazen de Ghosta (1733-1742), Siméon Awad de Hasroun
(1743-1756), Tobia El Khazen de Békaata Kanaan (1756-1766),
Joseph Etienne
Ghosta
(1766-1793), Michel Fadel de Beyrouth (1793-1795), Philippe
Gemayel de Bikfaya (1795-1796), Joseph Tayan de Beyrouth
(1796-1808), Jean Helou de Ghosta (1808-1823).
Les patriarches qui ont siégé en été à Dimane et à Bkerké en
hiver de 1823 à nos jours
Youssef Hobeiche
de Sahel Alma (1823-1845), Youssef Raji El Khazen d'Ajaltoun
(1845-1854), Boulos Massaad d'Achkout (1854-1890), Jean Hage de
Dlebta (1890-1898), Elias Hoayek de Helta (1898-1931), Antoine
Arida de Bécharré (1931-1955), Paul Meouchi de Jezzine
(1955-1975), Antoine Khoraiche d'Ain Ebl (1975-1986), Nasrallah
Sfeir de Raifoun (1986).
|
الموارنة
- بقلم جورج كرم -
«
ردّ يا رب بشفاعة أمك، عن الأرض وسكانها ويلات الغضب، لاشِ الأخطار
والفتن، امنع الحرب والمجاعة والوباء، تحنن على ضعفنا، داوِ سقمنا،
قوِّ وهننا، فكّ أسرنا. وأرح الموتى المؤمنين الذين انتقلوا من
بيننا وامنحنا آخرة صالحة فنرفع لك المجد إلى الأبد».
صلاة مارونية ترقي إلى القرن السابع
هذه الصلاة هي فعل إيمان بيسوع ابن مريم، هي توسل لإبعاد الشدائد
التي عرفها الموارنة جيداً وتعبير عن إيمانهم الخالد بالسيد
المسيح. ردّد الموارنة هذه الصلاة مراراً عبر تاريخهم الطويل.
كانت دعوة الامبراطور قسطنطين لعقد مجمع مسكوني في مدينة نيقية سنة
325 ميلادية اعترافاً بأهمية دور المسيحية في إدارة الإمبراطورية
الرومانية. وكان قد سبق وهيأ لهذا القرار التاريخي الملائم جداً
لوحدة الأمبراطورية وضبط الوجه السياسي والديني للدولة، إعلان
مرسوم مدينة ميلان الذي أعطى الحرية للديانة المسيحية سنة 313
واضعاً حداً لاضطهاد المسيحيين وهضم حقوقهم. وكان قسطنطين قد أسس
على شاطئ مضيق البوسفور الفاصل بين بحر إيجه والبحر الأسود، مدينة
سمّاها القسطنطينية. سوف تلعب هذه المدينة دوراً ذات أهمية كبرى في
مصير مسيحي الشرق ولكن لم يصبح الدين الرسمي للأمبراطورية إلا بعد
شجب الوثنية وبعد صدور مرسوم مدينة تسالونيك في سنة 392 في عهد
ولاية الإمبراطور تيودوس الأول.
قسّمت الأمبراطورية الرومانية إلى قسمين إثر موت تيودوس: إلى
إمبراطورية غربية عاصمتها روما وإمبراطورية شرقية عاصمتها
القسطنطينية. فالإمبراطورية الأولى حافظت على اللغة الرسمية
اللاتينية أما الإمبراطورية الثانية التي دعيت بيزنطية فاختارت
اليونانية كلغتها الرسمية.
إن قرار تيودوس الذي جعل من الدين المسيحي الدين الرسمي
للإمبراطورية لم يكن له نتيجة سريعة بالسنبة لأكثرية شعوب المنطقة.
لكن بقيت عدة جيوب مقاومة لهذا القرار خاصة في المناطق المنعزلة عن
المدن الكبرى وعن سبل المواصلات. هذا كان حال جبال لبنان التي ظلّ
سكانها متعلقين بدياناتهم القديمة والتي بقي فيها كثرة لا يستهان
بها من الهياكل المكرسة للآلهة الفينيقية.
أما مدن الشاطئ اللبناني فكانت قد أشادت منذ زمن طويل كنائسها. لأن
تلامذة المسيح الأولين الشعوبيين (الغير يهود) كانوا يرافقون أمه
في رحلاتها إلى القرى والمدن المتاخمة للجليل كمدينة صور وصيدا
أيام كان يسوع يبشر في شمال الجليل المتاخم لجنوب الشاطئ الفينيقي.
بدأ الرسل رسالتهم بعد موت المسيح وقيامته عملاً بإرادته بتلمذة كل
الأمم متجهين شمالاً نحو شاطئ البحر المتوسط الشرقي حيث أسسوا
كنائس في صور وصيدا وبيريت وبيبلوس وطرابلس وإنطاكية.
لكن مدينة إنطاكية أصبحت مركزاً روحياً ذات أهمية كبرى بفضل بشارة
بولس وبرنابا. وكان بطرس قبل ذهابه إلى روما قد زار إنطاكية ومن
المقدر أنه كان أول أسقف عليها. وتميزت إنطاكية مع القسطنطينية
والأسكندرية وروما بأنها أصبحت مع هذه المدن الكبرى كرسياً
بطريركياً. ولعبت في ما بعد دوراً أساسياً في نشر الإيمان المسيحي
في سوريا الأولى ومدن حلب وبراد وقورش ومنبج والرها ثم في سوريا
الثانية ومدينتي أفامية وشيزر. ومن المعروف أن تسمية تلاميذ يسوع
مسيحيين بدأت في إنطاكية.
لكن مع الأسف لم تنجو هذه المدينة من المجادلات اللاهوتية حول
طبيعة المسيح التي خضت الكنيسة في تلك الحقبة من الزمان حيث انقسم
المؤمنون إلى قسم يقول أن في المسيح طبيعتين واحدة إلهية وأخرى
بشرية والفئة الثانية دُعيت مونوفيزية وقالت أن في المسيح طبيعة
واحدة إلهية. وهذا الجدل لم يقتصر على مناقشات سلمية بل تحول غالب
الأحيان إلى صراع عنيف جداً.
عاش الراهب مارون خلال هذه الحقبة ولدينا شهادتان خطيتان على حياته
ورسالته: الأولى هي رسالة كتبها في 407 الذهبي الفم من منفاه في
CUCUSE
(شرقي تركيا) إلى الكاهن مارون يطلب صلاته والثانية دونها أسقف
قورش في مؤلفه (Historia Religiosa)
الذي كتبه ثلاثين سنة بعد موت مارون في سنة 410. (في تلك السنة
دمّر ونهب الملك الفوطي الأريك روما). سجّل تيودوريت في كتابه بعض
التفاصيل عن حياة ورسالة القديس مارون.
تنسك مارون بغية الاتحاد مع الله مكرساً كل أوقاته للصلاة والتأمل.
وهرب من المشاحنات اللاهوتية حول طبيعة المسيح. هذه الحياة النسكية
كانت قد ظهرت في الشرق قبل مرسوم ميلان الذي أعطى الحرية للدين
المسيحي وجعله فيما بعد الدين الرسمي للإمبراطورية. غير أنه ازداد
عدد المتنسكين بعد أن أصبحت الأمبراطورية دولة تيوقراطية اعتمد على
أثرها عدد كبير من الناس لا عن اعتقاد وطيد بالإيمان الجديد ولكن
حباً بموالات الدولة وطلباً للمنفعة الشخصية. حينئذ انتشرت حركة
التنسك والابتعاد عن العالم. طلباً لتحقيق الكمال المسيحي بالصوم
والصلاة وقهر الشهوات.
سلك مارون هذا الطريق مثل كثيرين من معاصريه فعاش في العراء على
قمة جبل نابو. وما أن انتشر سيط قداسته حتى لحق به تلامذة عشقوا
طريقته في طلب القداسة فعاشوا في شقوق الأرض والمغاور بالقرب من
صومعة معلمهم مقتفين خطاه في قهر الذات والصلاة. وكثر عدد هؤلاء
التلامذة خاصة لما خرج مارون من عزلته ليبشر في القرى المجاورة
بالكلمة داعياً الناس إلى التوبة والرجوع إلى الله. وما لبث أن
دُعي هؤلاء التلامذة موارنة نسبة لمعلهم مارون.
ذهب أحدهم المدعو ابراهيم القورشي (350-422) والذي لُقب فيما بعد
برسول لبنان، بصحبة بعض رفاقه ليهدي إلى المسيحية سكان جبال لبنان
حيث لاقى صعوبات كثيرة قبل بلوغ هدفه. ويقال أنه أسس جماعة نساك في
جبال منطقة بيبلوس بالقرب من مغارة أفقا حيث ينبع نهر أدون.
وتخليداً لذكر الراهب المذكور أطلق اسم ابراهيم على نهر أدون ولا
يزال يعرف بهذا الاسم ومن ذلك الوقت ابتدأ نشر الدين المسيحي في
جبال لبنان وبعد مايتي سنة تقريباً أصبحت تلك الجبال ملجأً لتلامذة
الراهب ابراهيم.
- مجمع خلقيدونية
لما رأى الإمبراطور مقيانس أن المجادلات اللاهوتية أصبحت خطراً على
وحدة الكنيسة دعى إلى عقد مجمع مسكوني في خلقيدونية في سنة 451
أربعين سنة تقريباً بعد موت مارون. هذا المجمع حرّم الآباء
المونوفيزية بصراحة: «نعلّم كلنا بصوت واحد أن سيدنا يسوع المسيح
هو ذات الابن الكامل في ألوهيته وبشريته، هو ذات الإله، إنسان
حقيقي وإله حقيقي مركّب من نفس عاقلة وجسد، مساوٍ للآب في طبيعته
الإلهية ولنا في الطبيعة البشرية. هو مثلنا في كل شيء ما عدا
الخطيئة.»
ولكن مع كل أسف لم يتمكن من وضع حد للمجادلات والانشقاقات. فانقسم
المجتمعون وأتباعهم إلى خلقيدونيين ومونوفيزيين ودام الانقسام إلى
يومنا: فتمسك الخلقيدونيون برأي البابا والكنيسة الغربية وبطريرك
القسطنطينية مع اليونان والبيزنطيين والملكيين الذين انقسموا فيما
بعد إلى ملكيين أورثوذك وملكيين كاثوليك وموارنة. أما فئة
المونوفيزيين فكانت مؤلفة من الكنيسة القبطية في الاسكندرية
والكنيسة الأثيبوبية والأرمنية الغريغورية والسريانية الأرثوذكسية.
على أثر انعقاد المجمع المذكور أمر الامبراطور مرقيانونس ببناء
ديرٍ بالقرب من مدينة أفامية للدفاع عن العقيدة الخلقيدونية. وعُرف
هذا الدير باسم دير مار مارون وأصبح من أهم أديرة سورية وأعظمها
دفاعاً عن تعاليم المجمع الخلقيدوني. لكن غيرة رهبانه الموارنة في
نشر تعاليم المجمع أثارت عداوة المونوفيزيين. وفي مستهل القرن
السادس بعد أن غيرت السلطة البيزنطية موقفها من العقيدة
الخلقيدونية وأصبح الامبراطور يدافع عن المونوفيزية. بدأ البطريرك
الانطاكي ساويرس يضطهد الخلقيدونيين بمساعدة الامبراطور
Anastase
وعلى رأسهم رهبان مار مارون وفي سنة 517 بينما ثلاث ماية وخمسين
راهباً كانوا في طريقهم للاشتراك في اجتماع مصالحة مع
المونوفيزيين، وقعوا في كمين وقتلوا كلّهم. ولكن بالرغم من هذه
المجزرة ومن تقلبات بيزنطية العقائدية حافظت الكنيسة المارونية على
إيمانها الخلقيدوني وبقيت متعلقة بتعاليم الكنيسة الجامعة مظهرة
أمانة لا يشوبها عيب لخلفاء بطرس. فمن هذه الثوابت صُهرت الروح
المارونية.
- اجتياح
العرب سوريا ولبنان
بدأ العرب هذا الاجتياح بفتحهم دمشق سنة 635 وبعد سنتين، أي سنة
637 احتلوا بعلبك وعكا ومدن الساحل الفينيقي حتى بيبلوس لكن لم
يحاولوا فتح الجبل لأنه لم يكن لهم مصلحة بذلك. تمكن الموارنة من
الصمود بفضل لجوئهم إلى الأماكن المنيعة والصعب الدخول إليها في
جبال لبنان وقاموا بمعاونة جيوش المردة الآتين من جبال طورس والذين
كانوا أخوة لهم في الإيمان الخلقيدوني واللغة الآرامية، بحملات ضد
جيوش الامويين ومُكبّدينهم خسائر كبيرة وكان الامبراطور البيزنطي
قد جنّد هؤلاء المردة لمناوشة الجيوش العربية ووضع حد لتوسع السلطة
الأموية. فتمكن هؤلاء الحلفاء بفضل شجاعتهم وبطولاتهم أن يقوموا
بانتصارات ذات أهمية على أعدائهم. ولكن ما لبث أن انقلب الوضع على
الموارنة المقيمين بين امبراطوريتين واسعتين ومصالح تتجاوزهم وذلك
بسبب تقلب السياسة البيزنطية. وهكذا الامبراطور «الحاكم بأمره»
(هذا اللقب أعطي للأمبراطور منذ سنة 630) وقّع معاهدة مع الخليفة –
بعد الحصول على بعض المنافع المادية. تقضي بوقف كل التحركات
العسكرية لجيش المردة والموارنة. كان لهذا القرار نتائج وخيمة
بالنسبة لمستقبل المسيحيين في الشرق. زامن هذا الحدث (على التقريب
سنة 638) المجادلة اللاهوتية بين الخلقيدونيين الذين قالوا أن
للمسيح إرادة واحدة بالرغم من أن له طبيعتان: واحدة إلهية والثانية
بشرية. والذين قالوا أن للمسيح طبيعتان ولكل طبيعة منهما إرادة.
حرّم المجمع المنعقد في القسطنطينية سنة 680 المونوتليتية أي القول
أن للمسيح إرادة واحدة. بعض المصادر التاريخية تتهم الموارنة بأنهم
اعتنقوا هذا الرأي فترة من الزمن. هذه التهمة لا ترتكز على براهين
تاريخية ثابتة. لأن المجمع المنعقد في القسطنطينية والذي حرّم هذه
النظرية لم يذكر الموارنة بالرغم من أنه ذكر كل الذين كانوا يؤيدون
هذا الرأي اللاهوتي.
-
يوحنا مارون أول بطريرك ماروني على إنطاكية (685)
بعد أن تبرم الخلقيدونيون في بطريركية إنطاكية بالتقلبات البيزنطية
السياسية وخوفاً منهم من أن يظل الكرسي البطريركي فارغاً، انتخبوا
في سنة 685 يوحنا مارون الراهب الماروني الذي كان أسقفاً على مدينة
البترون وكافة جبل لبنان بطريركاً على إنطاكية دون مراجعة
القسطنطينية. كان لهذا القرار وقع ذات أهمية كبرى بالنسبة لتاريخ
لبنان إذ كان بمثابة تكريس رسمي للكنيسة المارونية. فاعتبر
الأمبراطور أن هذا الانتخاب هو تمرد على سلطة الأمبراطورية وتعدٍ
على حقوقه فأرسل جيشاً للقبض على البطريرك الذي كان جعل كرسيه في
دير مار مارون على ضفاف نهر العاصي. ولكن يوحنا مارون تمكن من
الفرار من وجه جيش الامبراطور واللجوء إلى كفرجي في مقاطعة
البترون. فدمّر الجيش الدير وخمسماية راهب لاقوا حتفهم في هذا
الهجوم. تمكن الموارنة من اللجوء إلى جبال لبنان مع بطريركهم من
مقاومة الجيش البيزنطي وتكبيده انكسارات باهظة في سنة 694، حيث
قائدان من الجيش البيزنطي لاقا حتفهما في تلك المعركة. وهكذا مثلما
كرس انتخاب يوحنا مارون وجود الكنيسة المارونية على الصعيد الرسمي
هذا الانتصار الذي حققه الموارنة كان بمثابة ولادة للأمة
المارونية.
قال إدوار كبن المؤرخ الانكليزي في القرن الثامن عشر: «انتقلت
المارونية من شخص ناسك إلى دير فإلى أمة. وبقيت بعد أن زالت
إمبراطورية القسطنطينية التي اضطهدتها».
بعد هذه الحقبة من الزمن كان بطاركة الموارنة يقضون أوقاتهم بين
دير كفرحتي في لبنان ودير مار مارون على ضفاف العاصي بعد أن
رمّموه. ولكن بعد أن هدم العرب هذا الدير سنة 938 انتقل الكرسي
البطريركي نهائياً إلى لبنان لينجو من الفوضى التي ألمّت ببلدان
الشرق والحروب التي قامت بين البيزنطيين والسلجوقيين والفاطميين
حتى مجيء الصليبيين سنة 1098. بالرغم من اضطهاد البيزنطيين الذين
هم أخوتهم بالدين وفقرهم المادي برهن الموارنة عن مقدرة فائقة في
الدفاع عن هويتهم وإيمانهم.
- الصليبيون
خلال المجمع المنعقد في كليرمون سنة 1095 قام البابا أوربانوس
الثاني بفكرة إرجاع قبر المسيح وتخليص مدينة القدس من احتلال
الإسلام. فقام الغرب خلال قرنين تقريبا (1098-1292) بعدة حملات
عسكرية لإرجاع الأراضي المقدسة وللدفاع عن الممالك والمقاطعات
والناحيات التي أسسها الصليبيون على طول شاطئ البحر المتوسط ومنها
مملكة القدس وناحية طرابلس ومقاطعة إنطاكية ومملكة قبرص وكل هذه
الدويلات كان لها صلة مباشرة بالموارنة. كانت علاقات الموارنة
باللاتين جيدة جيداً بالرغم من بعض الحوادث المشؤومة التي عكرت
وقتياً هذه العلاقات.
حصل الصليبيون عند بلوغهم الشرق على مساعدة سريعة وتلقائية من
الموارنة وهؤلاء حصلوا بدورهم على امتيازات خاصة من ملك فرنسا لويس
التاسع (القديس لويس) الذي أعلن أن الأمة المارونية هي جزء من
الأمة الفرنسية. وحرّض الموارنة على أن يحافظوا على تعلقهم بخلفاء
القديس بطرس.
بفضل هذا التفاهم الذي حصل بين الصليبين والموارنة تمكن هؤلاء من
مَدِّ جسور مع الغرب ومن الخروج من العزلة التي عاشوا فيها منذ عدة
قرون. وكم كانت دهشة الكرسي الرسولي عظيمة لما علم أن الموارنة لا
يزالون في الوجود. لأنه كان في اعتقاده أنهم انقرضوا. فأعيدت
العلاقات بينهما بسرعة وتثبّتت هذه العلاقات لما أعلن الموارنة
بدون تردد ولاءهم للأب الأقدس إثر قدوم الصليبيين. وأثناء وجود
الصليبيين في الشرق. زار البطريرك إرميا العمشيتي البابا أنو
ثنثيوس الثالث واشترك في المجمع اللتراني المنعقد في سنة 1215.
كان القرن الثالث عشر قرن ازدهار بالنسبة للموارنة إذ تمكنوا بفضل
حماية الصليبيين من إعلان إيمانهم بدون خوف ومن تحسين أحوالهم
المادية. فاستفادوا من هذا الظرف لبناء عدة كنائس وأديرة.
- ذهاب الصليبيين
انتزع المماليك مدينة طرابلس من الصليبيين سنة 1291 ووضعوا حداً
لوجود الصليبيين على الشاطئ الشرقي للبحر المتوسط. وغادر كثيرون من
الموارنة مع الصليبيين إلى قبرص حيث أسسوا جماعات مارونية هناك لا
تزال قائمة حتى يومنا هذا. وهذه الهجرة كانت الرعيل الأول من
الموارنة الذين غادروا لبنان.
يقدر بخمسين ألف عدد الموارنة الذين ماتوا دفاعاً عن الصليب.
وبالرغم من انكساراتهم العسكرية كان الفضل للصليبيين في إعادة
العلاقات بين الغرب والشرق. وبدء التبادل التجاري الذي سوف يبلغ
ذروته خلال عصري النهضة الطليانية في القرنين الرابع عشر والخامس
عشر. وكان لهذا الوضع انعكاسات إيجابية على الموارنة لأن علاقاتهم
مع روما لم تنقطع بعد ذلك.
-
عهد المماليك أو استبداد العبيد الذين أصبحوا ملوكاً
بعد ذهاب الصليبيين أصبح الموارنة ضحية عنف المماليك الذين أصبحوا
قوة عسكرية مرتكزة على نظام أولفرشي بعد أن كانوا عبيداً. ابتداءً
من مصر حيث استلموا الحكم في سنة 1250 اجتاحوا لبنان وسوريا
واحتفظوا بالحكم لغاية سنة 1517 حيث انكسروا وحلّ محلّهم
العثمانيون.
بعكس العرب الذين لم يروا أية منفعة عسكرية من احتلال جبال لبنان.
فهم المماليك في صراعهم ضد الصليبيين أهمية جبال لبنان الستراتيجية
وكيف يجب كسر شوكة حلفائهم الموارنة المتمركزين وراء جبالهم الصعبة
المنال والتي كانوا يطلقون منها هجماتهم المفاجأة.
قام المماليك بعدة غارات فتاكة ضدهم قبل وبعد ذهاب الصليبين وعدة
بطاركة أهينوا أو قُتلوا خلال هذه الغارات مثال خبرائيل حجولا الذي
حرق حياً أمام جامع طيلان في طرابلس سنة 1367. من المعروف أن ما من
أحد أقسى من عبد أصبح ملكاً. لهذا السبب كان المماليك عنيفين جداً
في حروبهم ضد الموارنة وقتلوا عدداً كبيراً منهم.
لكن بالرغم من كل المصائب والآلام التي احتملوها تمكن الذين نجوا
من الموت من إعادة حياتهم الجماعية حول بطريركهم. ومن إنشاء
استقلالية نسبية وحتى من امتداد ديموغرافي بفضل النسبة العالية
للولادات عندهم.
ولكن لم يكن الموارنة وحدهم ضحية قساوة المماليك فطوائف أخرى
إسلامية اضطهدت من قبل إخوانهم في الدين ولجأت إلى جبال لبنان. هذا
كان حال النصيريين والشيعيين والدروز الذين سكنوا منطقة كسروان.
ثارت هذه الطوائف ضد المماليك وظلمهم إبّان الحرب القائمة بينهم
وبين الصليبيين والمغول. ولكن ما فتأ المماليك بعد انتصارهم أن
ارتدوا ضدهم وقمعوا ثورتهم بسرعة. فكان قمعهم والانتقام منهم
فظيعين جداً. والذين نجوا من القتل نُفوا: فالنصيريون أبعدوا إلى
عكار والدروز إلى الشوف والشيعيون إلى الجنوب. وهكذا اصبح من
الممكن أن يملأ الموارنة الفراغ الذي حصل في كسروان دون أن يزعجوا
المماليك.
وهكذا امتدت رقعة التوسع الديموغرافي الماروني تدريجياً حتى بلغت
كل أجزاء لبنان وخلقت وضعاً جديداً وهو التعايش بين الطوائف وترتيب
العلاقات بينها وهذا الوضع كان في آنٍ واحد غنى لبنان إذ كوّن خبرة
وحيدة من نوعها في التعايش والحوار بين الحضارات ومن ناحية ثانية
كان وسيلة بيد المحتل أو بيد الذين أرادوا أن يخلفوه للتفرقة بين
الطوائف ليسودوها بطريقة أسهل.
- الباب العالي
بدأت سيطرة العثمانيين على لبنان سنة 1516 مع السلطان سليم الأول
الملقب بالسلطان القاسي. فإنه خلال سنتين فتح سوريا ولبنان
وفلسطين. لكنه لم يغيّر شيئاً في الهيكلية الإقطاعية والنظام
الاجتماعي في جبل لبنان. وخليفته سليمان «العظيم» ثبت حق الموارنة
في إدارة شؤونهم وكان بطريركهم الوحيد الذي أعفى من واجب طلب
التثبيت في وظيفته من قبل السلطان.
تجب الإشارة هنا إلى أنه من المحتمل أن هذه المعاملة السمحاء لم
تكن مجانية لأن فرنسيس الأول املك فرنسا كان قد تقرب من السلطان
سليمان وحصل منه على معاهدة سنة 1535 لُقبت
Capitulations
وتخوله حماية الأجانب والمسيحيين المتواجدين في الشرق. وهذا
التقارب بين ملك فرنسا والسلطان العثماني كان منسجماً مع سياسته ضد
الأمبراطور من آل هبسبورغ الذي كان يحمل لقب أمبراطور أمبراطورية
الرومان الجرمنية المقدسة. والتي كان يطمع الملك فرنسيس بأراضيها.,
وهذه السياسة كانت تخدم مصالح الملك الفرنسي في أوروبا وفي الشرق
حيث فتحت لخلفائه باباً للتدخل في شؤون السلطنة العثمانية.
أما الموارنة فقد استفادوا من هذه المعاهدة كل الإفادة ولكن بالرغم
من ذلك لم يحالفهم الحظ دائماً خلال الحكم العثماني. لأنهم مرّوا
في أطوار سوداء. ففي سنة 1860 مثلاً نزع الأتراك السلاح من أيدي
المسيحيين وشجعوا الدورز على قتلهم. على الأقل عشرة آلاف ماروني
لاقوا حتفهم في تلك المذابح. وأثناء الحرب العالمية الأولى حاصرت
تركيا جبال لبنان بصفتها حليفة لألمانيا مانعةً دخول المواد
الغزائية إلى أهاليه فماات مئات الآلاف من السكان جوعاً وزد على
ذلك تصرفات المحتل المتعجرف الاعتباطية والإجراءات الانتقامية
والإدارة الفاسدة والتدابير الظالمة في حجز الأموال والأرزاق.
- المدرسة
المارونية في روما
إن المبادرة التي أخذها البابا غريغوريوس الثالث عشر بإنشاء معهد
ماروني في روما سنة 1584 عاد بنفع كبير على الموارنة. قام الحبر
الأعظم بهذا العمل بدافع اهتمامه بسد حاجة الكنيسة المارونية
الماسة لمدارس تُعنى بتثقيف إكليروسها ورغبة منه في تثبيت علاقات
الكنيسة المارونية بالكرسي الرسولي فكان لهذا الحل الذي اختاره
الأب الأقدس نتائج إيجابية جمة.
فهذه المدرسة خرّجت عدة تلامذة لعبوا دوراً ذات أهمية كبرى في
تطوير المجتمع اللبناني فكانوا الرواد في إنشاء شبكة مدارس في جبل
لبنان. وفي سنة 1610 أسسوا أول مطبعة في الشرق في دير مار أنطونيوس
قزحيا. واحتل تلامذة آخرون من خرّيجي هذه المدرسة مراكز ذات أهمية
كبرى في المؤسسات العالمية الكبرى في أوروبا أمثال: جبرائيل
الصهيوني الذي كان استاذ اللغات الشرقية في المعهد الملكي في فرنسا
College Royal de France
وإبراهيم الحاقلاني الذي كان قيّماً على المكتبة الشرقية في فرنسا
ومرهج ابن نيرون الباني الذي كان استاذاً ومترجماً.
أما يوسف سمعان السمعاني الذي كان مدير الكتبة الفاتيكانية الشهيرة
فتميز بسعة علمه وبأبحاثه في اللغات: السريانية، والعربية،
والعبرية والتركية والفارسية والأثيوبية ونشر هذه الأبحاث في
مجموعته Bibliotheca Orentalis
التي لا تزال ليومنا هذا مرجعاً من المراجع الأساسية. إن هؤلاء
الرجال وغيرهم من العلماء الموارنة هم الذين جعلوا الأوروبيين
يرددون المثل المأثور «ذو علم واسع كرجل ماروني». والمدرسة
المارونية في روما خرّجت أيضاً أربعين مطراناً وانتُخب من هؤلاء
الأساقفة الأربعين اثنا عشر بطريركاً وكان البطريرك الدويهي أشهرهم
وأول مؤرخ للكنيسة المارونية.
قدّم ابتداءً من القرن السابع عشر أعضاء من الرهبانيات اللاتينية
إلى لبنان ليقوموا بمساعدة الإكليروس الماروني في مهمته التربوية.
منهم الكبوشيون الذين أتوا سنة 1626 والكرمليون سنة 1635
واليسوعيون سنة 1656. ورهبانيات أخرى قدمت فيما بعد.
إن المدرسة المارونية فتحت المجال أمام الموارنة للخروج من عزلتهم
الثقافية فسمحت لهم أن يظلّوا في اتصال مستمر مع الفكر الغربي قبل
أن يصبحوا فيما بعد روّاداً للنهضة العربية. ثم ولّدت فيهم
اقتناعاً راسخاً بأهمية التثقيف وهكذا قرر المجمع اللبناني المنعقد
في اللويزة سنة 1736 ما يلي:
« نحرّض باسم يسوع المسيح مطارنة الأبرشيات والمدن والقرى والأديرة
أن يتعاونوا على تشجيع هذا العمل الذي سوف يعطي ثماراً كثيرة.
عليهم أن يجدوا معلماً حيث لا يوجد معلم وأن يسجلوا أسماء الأولاد
المؤهلين لاقتباس العلم وأن يأمروا الأهل بأن يصطحبوا أولادهم إلى
المدرسة حتى ولو غصباً عنهم. وإذا كان هؤلاء الأولاد أيتاماً أو
فقراء فعلى الكنيسة أو الدير أن يتكفلوا بغذائهم وإن لم تكن
الكنيسة قادرة على القيام بهذه المهمة فليتقاسم الكنيسة وأهلهم
مصروف طعامهم».
هذا القرار يلفت النظر في الوقت الذي اتخذه آباء المجمع. وهو السبب
الذي من أجله حتى في يومنا هذا يعتبر الأهل أن تعليم أولادهم
وتثقيفهم هما من أولويات الحياة المطلقة. ويمكننا القول أن إنشاء
المدارس كان ولا يزال أحد أسباب افتخار الموارنة في بناء لبنان
الحديث. فإنهم فتحوا أبواب هذه المدارس أمام كل الطوائف وحولوا
لبنان إلى مصدر لإشعاع للنشاطات الثقافية.
- مجتمع
تعددي أو خبرة التعايش
ابتدأ التوسع الماروني الديموغرافي في كسروان إثر المذبحة التي قام
بها المماليك سنة 1305 لمّا نُفي سكانها من الشيعة والدروز
والنصيرية. ثم امتدّ توسعهم نحو المتن والشوف. هذه الهجرة جعلتهم
يعيشون مع طوائف أخرى ويختبرون تعددية الحضارات والأديان.
ولما كانت العلاقات بين السنيين والشيعة والدروز متوترة لعب
الموارنة دور الوسيط بينهم ونشأ مع مرور الزمن والمحن المشتركة
التي عاشتها هذه الطوائف شعور بالعيش المشترك وبالانتساب إلى الأرض
الواحدة وزاد على ذلك أن قساوة الاحتلال العثماني وتقلباته ولّدت
في نفوس هذه الطوائف المتعددة شعوراً بالمصير المشترك. وعلى طريق
المثل نورد هنا عدة أحداث من تاريخ لبنان تثبت قولنا هذا وتبرهن عن
هذا الواقع الجديد.
ففي عهد الأمير فخر الدين الثاني الدرزي (1572-1635) وعهد الأمير
بشير الثاني (1789-1840) السنيّ الذي اعتنق الدين المسيحي، نرى كيف
كانت كل طوائف لبنان تقف سوية ضد المحتل. ونجد مثلاً آخر للتعاون
بين الطوائف في عميّة مار الياس انطلياس حيث ممثلون عن الشيعيين،
والدروز والموارنة والسنيين أقسموا اليمين على مذبح الكنيسة بأنهم
سوف يحاربون سوية ضد ابراهيم باشا الذي كان قد اكتسح لبنان على رأس
جيشه المصري. وتمكنوا باتحادهم من دحره. وكان بين المقاتلين آنذاك
شاب ماروني اسمه يوسف كرم وكان له من العمر 17 سنة. سوف يكتسب هذا
الشاب شهرة كبيرة فيما بعد في معاركه الباسلة ضد العثمانيين.
ونجد مثلاً آخر أقرب منا للتضامن بين الطوائف حيث على أثر انكسار
تركيا سنة 1918، طلب كل طوائف لبنان إلى البطريرك الحويك أن يمثلهم
في مؤتمر الصلح في فرساي وأن يطالب باستقلال لبنان.
إن اختيار «لبنان الكبير» كان تعبيراً من قبل البطريرك واضحاً عن
إرادة الموارنة للعيش بسلام ووفاق مع سائر الطوائف. ولكن مرّ هذا
التعايش مع كل أسف بتجارب خطيرة جداً مثل مذابح سنة 1860 وأحداث
سنة 1958 وأخيراً حرب 1975. هذه الأخيرة دمّرت البلاد وهددت
العلاقات بين الطوائف بالزوال وفرقت بين أفراد العيلة الواحدة
وكادت تطيح بلبنان. نأمل أن التاريخ سوف يوضح لنا يوماً إذا كانت
هذه الحرب حرباً أهلية أو بالأحرى «حرب الآخرين على أرض لبنان»
نتيجة مباشرة للحرب الإقليمية بين العرب وإسرائيل.
- الهجرة المارونية
إن الهجرة المارونية باتساعها وانتشارها الجغرافي في القارات الخمس
وبوجودها في كل بلدان العالم لهي حدث مدهش ولافت للأنظار. كيف أمكن
أمة صغيرة ديموغرافيا أن تنتشر في مساحة ثقافية ودينية بهذا الحجم؟
لا البعد ولا الطقس ولا اللغة ولا الدين ولا الحكم السياسي
والاقتصادي كان عائقاً في وجه هذا الانتشار. يقدّر عدد المهاجرين
الموارنة بأربعة ملايين أي أكثر من خمسة أضعاف سكان لبنان
الموارنة. أما أسباب هجرة الموارنة فهي معروفة من الجميع ما من أحد
يترك بلاده بدون سبب. نثبت هنا الهجرات المتوالية وأسبابها:
.
اجتياح المماليك في القرن الثالث عشر سبب أول لهجرة الموارنة إلى
قبرص.
.
مذابح سنة 1860
.
الاستبداد العثماني وكبت الحريات
.
الجوع الذي سببه الحصار الذي ضربه الأتراك خلال الحرب العالمية
الأولى (1914-1918) ما يقارب نصف سكان لبنان مات جوعاً.
.
جاذبية البلدان التي توفّر شروطاً اجتماعية واقتصادية أفضل أو توفر
فرصاً لتجارة ناجحة.
.
الحرب الإسرائيلية العربية التي وسعتها وعزّزتها الحرب الباردة
واشعلت في المنطقة نار فتنة مستمرة.
.
حرب لبنان التي بدأها فصائل من اللاجئين الفلسطينيين والتي ما هي
إلا نتيجة الحرب الإسرائيلية العربية.
.
هذه الأخيرة كانت سبباً لهجرة مارونية لا مثيل لها في التاريخ
فكانت مأساة بشرية واجتماعية لم ننتهي لغاية اليوم من تقدير
نتائجها على لبنان.
المهاجر الماروني هو رجل ذو مقدرة كبيرة على التكيّف بمحيطه وصاحب
مبادرة وشجاعة يسهلان عليه الانسجام مع محيطه فيصبح عضواً عاملاً
في المجتمع الذي استقبله مشتركاً هكذا في تطوره وتقدمه، دون أن
يقطع علاقاته مع تراثه الثقافي. وهو مثل آبائه وأجداده يعطي
الأوّليّة لتعليم أولاده وتثقيفهم وبهذا العمل يساهم بدون شك في
تخفيف المشاكل الاجتماعية والانخراط بمحيطه بنسبة عالية مسهلاً
النجاح الاجتماعي ومحسّناً نوعية الحياة في محيطه.
-
الكنيسة المارونية خارج الأسوار أو في المهاجر
إن الهجرة جعلت من الكنيسة المارونية شاهدة عالمية للإنجيل. هذا
الوضع الجديد يضعفها وبالوقت نفسه يسهل عليها الاشتراك مع الكنيسة
الجامعة في الجهود الكبيرة التي تقوم بها لأنسنة العالم حتى يصبح
كل شيء فيها من أجل الإنسان الذي خلق على صورة الله ومثاله، لا
لأجل السلطة ومجد هذا العالم.
إن العولمة الغير المضبوطة وفرض فكر واحد وثقافة واحدة بواسطة
وسائل إعلام جبارة ثم إخضاع الإنسان لعلاقة الإنتاج والاستهلاك
التي تنمي روح الفردية وتقيّد البشر في زوبعة تجعلهم يفقدون
مراجعهم الثقافية والروحية.
إن رسالة الكنيسة المارونية في فجر الألف الثالث هي النجاح في جعل
المهاجرين مستمرين في تعلقهم بخليفة بطرس وبتراثهم الروحي والأدبي
وبروح الانفتاح والتعاون مع سائر العائلات الروحية ومتابعة التبشير
بكلام يسوع.
ملحق
-
لائحة بطاركة الموارنة بالترتيب الكرونلوجي
* البطاركة الذين جعلوا كرسيهم في منطقة بيبلوس من 938-1440.
يوحنا مارون الثاني، يوحنا من دملصا، اسطفان، مرقص، أوثابيس،
يوحنا، يشوع، داود، غريغوريوس، تيوفيلكس، يشوع، دومسيط، اسحق،
يوحنا، سمعان، يوسف الجرجسي (1110-1120)بطرس (1121-1130) غريغوريوس
من حالات (1130-1141) يعقوت من رامات (1141-1151)، يوحنا
(1151-1154)، بطرس (1154-1173)، بطرس من لحفد (1173-1199)، إرميا
العمشيتي (1199-1230)، دانيال من شامات (1230-1239).
* البطاركة الذين جعلوا كرسيهم في وادي قنوبين (1445-1823)
يوحنا من جاج (1404-1145)، يعقوب من الحدث (1468-1492)، سمعان من
الحدث (1492-1524)، موسى العكاري البريدي (1524-1567)، ميخائيل
الرزي من بقوفا (1567-1581) سركيس الرزي من بقوفا (1581-1596)،
يوسف الرزي من بقوفا (1596-1608)، يوحنا مخلوف من أهدن
(1608-1633)، جرجس عميره من إهدن (1633-1644)، يوسف حليب من
العاقورة (1644-1648)، يوحنا بواب من صغرا (1648-1656)، جرجس رزق
الله من بسبعل (1656-1670)، اسطفان الدويهي من اهدن (1670-1704)،
جبرائيل من بلوزا (1704-1705)، يعقوب من حصرون (1705-1733)، يوسف
درغام الخازن من غوسطا (1733-1742)، سمعان عواد من حصرون
(1743-1756)، طوبيا الخازن من بقعاتا كنعان (1756-1766)، يوسف
اسطفان من غوسطا (1766-1793)، ميخائيل فاضل من بيروت (1796-1808)،
يوحنا الحلو من غوسطا (1808-1823).
*
البطاركة الذين جعلوا كرسيهم في بكركي والديمان من 1823 إلى يومنا:
يوسف حبيش من ساحل علما (1823-1845)، يوسف راجي الخازن من عجلتون
(1845-1854)، بولس مسعد من عشقوت (1854-1890) يوحنا الحاج من دلبتا
(1890-1898)، الياس الحويك من حلتا (1898-1931)، أنطون عريضة من
بشري (1931-1955)، بولس المعوشي من جزين (1955-1975)، أنطون خريش
من عين إبل (1975-1986)، نصرالله صفير من ريفون (1986).
|